D’où vient le REV ?

D’où vient le REV ?

Lors d’une recherche bibliographique alors qu’il était étudiant, Yann Derobert est tombé sur une citation de Marius Romme qui l’a interpellé. Dans celle-ci, Marius compare la situation actuelle des personnes qui entendent des voix avec celle des homosexuels dans les années 1950 : considérés comme malades mentaux par la psychiatrie officielle qui n’hésite pas à les traiter avec la plus grande violence, dénigrés, isolés, poussés au suicide par un contexte social stigmatisant. Comme pour les homosexuels, Marius Romme, professeur de psychiatrie sociale aux Pays-Bas, et sa compagne Sandra Escher, journaliste scientifique, défendent une perspective d’émancipation pour les entendeurs de voix. Nous sommes au printemps 2009 et Yann se trouve alors en stage dans une clinique psychiatrique où il observe, choqué, les effets délétères des traitements psychiatriques ordinaires et la pauvreté des perspectives offertes socialement aux personnes ayant reçu un diagnostic de schizophrénie ou de trouble psychotique. Il se trouve justement qu’en septembre 2009 se tient le premier Congrès mondial sur l’entente de voix à Maastricht au Pays-Bas. A travers l’expérience des témoignages d’entendeurs de voix, Yann revient porteur d’une grande colère envers les institutions traditionnelles de formation et de soin en France (qui baignent dans le déni et de la possibilité du rétablissement – avec ou sans médicament – et de la place du traumatisme dans l’histoire de vie des personnes) et d’une plus grande motivation encore… celle de démarrer un Réseau en France. Se formant en Angleterre au travail avec les voix auprès de Ron Coleman et Karen Taylor, aidé par ces derniers et encouragé par Marius Romme, Sandra Escher, Paul Baker et Brigitte Soucy, il trouve l’hiver suivant un terreau favorable pour démarrer le premier groupe d’entendeurs de voix en France auprès de l’Etablissement public de santé mentale Lille-Métropole et du Centre collaborateur de l’OMS en santé mentale de Mons-en-Baroeul où il bénéficie de l’appui de Patrick Le Cardinal et Jean-Luc Roelandt. Avec Sonia qui l’a aidé à démarrer le groupe de Mons, Chantal Marandon, qui le contacte suite à une émission de radio sur les entendeurs suisses, Magali Molinié, qu’il coopte à l’université Paris 8, et 4 autres membres fondateurs, ils tiennent l’Assemblée constitutive du REV le 10 septembre 2011. Et la psychiatrie française ne serait plus jamais la même !

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