Questionnaire sur l’entente de voix
« Le Pr Marius Romme, Sandra Escher et Patsy Hage ont conçu un questionnaire permettant d’explorer son expérience avec une personne qui entend des voix.
Ce questionnaire a été traduit en français, vous pouvez télécharger le questionnaire ICI. L’ouvrage qui l’accompagne a également été traduit et devrait être prochainement diffusé.
En attendant, son édition anglaise est disponible auprès de la fondation Mind :
Nous vous proposons ci-après des pistes pour l’utilisation en pratique du questionnaire de Maastricht.
Nous sommes à votre disposition pour discuter de l’usage du questionnaire, n’hésitez pas à nous contacter ICI
Le questionnaire de Maastricht explore l’expérience d’entente de voix à travers neuf dimensions : la nature de l’expérience, les caractéristiques des voix, l’anamnèse de l’expérience, ce qui déclenche les voix, ce que disent les voix, l’origine des voix, leur impact sur la vie de la personne, la relation aux voix et les stratégies de « coping ». Cette enquête est menée d’un point de vue « journalistique », sans préjugé du caractère réaliste ou rationnel des réponses formulées par la personne concernée. Romme et Escher insistent sur l’importance pour l’interviewer d’avoir la volonté d’accepter et de reconnaître l’expérience comme réelle et de se retenir d’interpréter les informations au moment de leur recueil. Chacune des dimensions explorées l’est de manière systématique et d’une façon qui sera utile pour la suite de la thérapie. Ainsi, par exemple, l’étude des stratégies de « coping » permet de se rendre compte si la personne évite à tout prix la prise en compte des voix ou si elle s’autorise déjà à considérer les messages dont elles sont potentiellement porteuses. De même, si la personne est consciente de facteurs déclenchant des voix, cela constituera un point de départ important pour commencer à acquérir un contrôle sur elles.
A la fin du questionnaire, trois autres dimensions sont abordées qui entrent directement en résonance avec des éléments essentiels au processus de rétablissement, à savoir : les expériences vécues dans l’enfance (à la recherche de traumatismes auxquels il serait nécessaire de se confronter afin de se réapproprier son histoire) ; l’histoire du traitement (permettant d’envisager la façon dont l’expérience a été considérée, que ce soit pour la dénier, mettant la personne dans une posture passive de réception de soin axée sur une approche médicale univoque ou pour la prendre en compte, autorisant une démarche de soin active de rétablissement, à travers une diversité d’approches) ; et, enfin, le réseau social qui, nous l’avons vu, est au cœur du processus de rétablissement, l’individu se renforçant dans le regard des autres. Enfin, le questionnaire se termine par des invitations à aborder des thèmes qui ne l’auraient pas été et que la personne souhaiterait évoquer.
A l’issue du recueil des informations, celles-ci sont restituées à la personne, sous la forme d’un rapport synthétique, structuré en fonction des dimensions explorées que nous venons de détailler. Romme et Escher conseillent d’utiliser les prénoms des personnes citées afin de ne pas introduire de distance. Thérapeute et client discutent ensuite le rapport afin de corriger d’éventuelles erreurs d’interprétation et d’ajouter des éléments omis. La discussion du rapport avec l’équipe de soin n’est possible que si cette dernière est ouverte à l’approche proposée.
Enfin les éléments du rapport sont utilisés pour élaborer un « construct », permettant d’analyser la relation entre l’entente de voix et l’histoire de vie de la personne. L’objectif de ce travail d’élaboration est de répondre à deux questions :
– qui les voix représentent-elles ?
– quels problèmes les voix représentent-elles ?
Romme et Escher soulignent la difficulté d’un tel travail : le thérapeute peut se sentir, au départ, plongé dans des profondeurs où il ne sait où regarder, incertain de ses conclusions. Ils conseillent de revenir aux mots mêmes utilisés par le client et de s’assurer de la cohérence des cinq principales dimensions du « construct » : identité des voix, caractéristiques (et contenu) des voix, histoire, déclencheurs (et impact), enfance et adolescence. Il convient également de se souvenir qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais « construct » mais qu’il existe un certain nombre d’alternatives également valables. L’important est que la personne puisse se réapproprier son histoire et trouver un sens à son expérience, la mettant en position de pouvoir agir sur sa relation aux voix plutôt que de la subir. »